Les Lois Fondamentales de la Stupidité Humaine

Introduction


J'écris ces lignes le 10 novembre 2005. Pour ceux qui les liront au cours des années à venir, il me semble bon de rappeler les événements qui marquent en ce moment notre actualité. Je tâcherai d'être bref et purement informel, sans prendre parti pour l'un ou l'autre des côtés.

 

Petit rappel des faits divers

Le Ministre de l'Intérieur se nomme Nicolas Sarkozy. C'est un homme énergique (voire nerveux, quelquefois) qui ne cache pas ses ambitions présidentielles. Dans ce but, il tente de se construire auprès du public et des médias une image d'homme d'action, de terrain, simple mais décidé, qui ne mâche pas ses mots et ne renâcle pas à prendre des mesures drastiques lorsque la situation l'exige; difficile de déterminer dans quelle mesure cette image est exacte.
En accord avec cette image, il a pris son ministère en main avec fermeté. Et notamment, il a abordé l'insécurité urbaine (l'un des chevaux de batailles de son parti) avec un point de vue proche du stéréotype: les principaux vecteurs de l'insécurité urbaine sont les jeunes voyous de banlieue, plutôt issus de l'immigration, violents et irrespectueux, dénués de sens civique ou d'envie de s'intégrer, des trafiquants de drogue et/ou des voleurs pour la plupart, bref (selon ses mots): de la racaille. Et la seule réponse adéquate est une présence policière et une sévérité accrues, ce qu'il appelle (toujours selon ses mots): "un nettoyage au kärsher".
Il est possible que ces propos un peu durs participent d'une volonté de frapper les esprits en vue des prochaines élections, voire de racoler une partie de l'électorat d'extrême-droite, toujours friand de déclarations à l'emporte-pièce et de solutions faciles à comprendre et/ou paramilitaires.
Toujours est-il que ces petites phrases ont été perçues comme des agressions par les dits jeunes de banlieue (même ceux qui ne sont pas des trafiquants de drogue). Et lorsque, pour éviter un contrôle de police, deux adolescents d'un quartier "difficile" ont escaladé l'enceinte d'un transformateur électrique et ont péri électrocutés, des incidents ont commencé à éclater malgré l'appel au calme des parents des deux victimes: voitures incendiées, jets de pierre sur les forces de l'Ordre, pillages de magasins.
La situation se serait peut-être calmée rapidement si, le jour suivant, une grenade lacrymogène (qui, selon M. Sarkozy, "appartenait aux CRS, ce qui ne signifie pas qu'elle ait été lancée par un CRS") n'avait pas atterri dans une mosquée locale à l'heure de la prière.
Dès lors, la légitime indignation qu'ont pu ressentir les musulmans à ce moment a servi de prétexte à des bandes de vandales de plus en plus nombreux à se lancer dans un escalade de la violence, encouragées en cela par la couverture sensationnaliste des médias (qui ont peu judicieusement employé le terme de "nouveaux records" de violence): tirs à la chevrotine ou à balles réelles sur les forces de police, incendies et pillages d'écoles et d'entreprises, destructions de transports publics... Certains ont même poussé le vice jusqu'à monter dans un bus, à y déverser de l'essence avant d'y mettre le feu, alors même que le chauffeur et les voyageurs étaient encore à l'intérieur; une jeune femme handicapée, n'ayant pu sortir assez rapidement, a été brûlée au troisième degré.
Aujourd'hui, deux semaines après la mort des deux jeunes gens, des milliers de voitures ont brûlé, les incidents nocturnes se sont répandus dans les départements limitrophes, dans quelques unes des grandes métropoles françaises, et même dans une ou deux villes d'Europe.

 

Quel rapport avec ces prétendues "Lois Fondamentales" ?

Quand j'ai vu ces jeunes se tirer gentiment une balle dans le pied, comme on dit, en incendiant les voitures de leurs voisins, en détruisant les écoles, les entreprises et les infrastructures, en jouant finalement le jeu de celui qu'ils décriaient tant et en ruinant le peu crédibilité qu'ils avaient encore auprès du reste de la population, je me suis dit que non seulement ils coûtaient fort cher à la collectivité, mais qu'en plus ils n'avaient rien à y gagner. Au contraire, ils avaient plutôt tendance à obscurcir encore leur avenir; comment se faisait-il qu'ils ne s'en rendaient pas compte ?
Et notre très médiatique Ministre de l'Intérieur ? Est-il le roi des gaffeurs ou bien (comme c'est plus probable de la part d'un homme qui joue des coudes depuis plus de vingt ans dans les hautes sphères de la politique) a t-il fait exprès de jeter de l'huile sur le feu, si je puis dire, dans l'espoir d'accroître sa popularité ? Et si c'est le cas, ne voit-il pas que son hypothétique élection ne vaut pas les innombrables préjudices que tous ces évènements ont causé à des milliers de personnes ? Ni que par ailleurs, cela risque de jouer non pas en sa faveur mais en celle des fachos de l'extrême-droite ?

C'est alors que je me suis rappelé un article parcouru sur le Net quelques mois auparavant: les Lois Fondamentales de la Stupidité Humaine. Ce petit texte écrit par un sociologue propose une petite théorie toute simple pour expliquer les comportements irrationnels et autodestructeurs de certains de nos contemporains. Facile à lire, et humoristique par bien des côtés, il donne même sur la fin une explication de ce qui différencie une société en plein essor d'une société sur le déclin.
Comme il était en anglais, je me suis permis de le traduire afin de le rendre accessible au plus grand nombre. Il est un peu long, mais lisez-le, je vous en prie; peut-être y trouverez-vous la réponse à ces questions: existe-t-il un remède à la stupidité des casseurs ? Sarko ne serait-il pas un bandit doté de traits de stupidité, par hasard ? Notre société est-elle en essor ou en déclin ?

Et surtout: aussi bien vous, qui lisez ces lignes, que moi qui les écris, ne pouvons-nous pas être intelligents un peu plus souvent afin d'aider notre pays à tourner un peu mieux ?

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